No More Muse But a Dumb Herd
conception, danse - Anna Gaïotti
musique - Nina Garcia
lumière - Baptiste Joxe
regards extérieurs - Léa Drouet, Mark Tompkins
production - LOVALOT
Co-production : Ménagerie de Verre - Paris ; Honolulu - Nantes et Au bout du plongeoir - domaine de Tizé, dans le cadre de la coopération entre la Ville de Nantes et Rennes-Métropole ; accueil en studio du Centre National de la Danse - Pantin.
vidéo - Sarah Blum
Création les 17, 18 et 19 novembre 2016 au festival Les Inaccoutumés.
«Deux mondes (miroirs) face à face, dressés l’un contre l’autre, une surface de désir,
entre, un axe, un point fixe, comme une croix tournant à partir de son cœur --
de désir et de haine ---
Voir ce qui est hors de nous nous offre-t-il toujours de l’éloigner plus encore ?
Pourquoi notre désir nous mène-t-il ainsi, sans cesse, vers un excès de transcendance ?»
Bruno EBLE, Miroir sans reflet.
Des caractères multiples se posent et tissent la danse d’un clown sur un terrain vague. Un coup de foudre appelle l’étranger qui assume la métamorphose au pluriel et devient le théâtre des chimères.
Dans la mue, un corps pèle tandis qu’un paysage se charge patiemment. Ce qui miroite chute dans un même mouvement. Le passage est bâti d’archives et de présents abandonnés au même instant.
Je pense à l’androgyne ou l’hermaphrodites comme étant une figure double, ou une figure entre, ou une figure seuil ; qui refuse autant qu’elle est relation binaire au monde. Elle répond à l’utopie du doute, et s’engorge d’ambiguïté. Sa partialité la met en abîme, c’est un geste d’excroissance et de transcendance de la sexualité et du genre, qui la délivre tout en la canonisant. Elle est au seuil de la transformation qu’elle refuse tout en l’admettant. C’est un conflit des chairs entre le dedans, le dessous et le dehors. Entre celle de loin et celle de près.
Quel est ce mouvement patient qui fait transe entre ?
Comment écrire et dessiner le geste qui fait le seuil, ce liant trouble fête de l’identité, qui s’ajuste entre le reflet et la réflexion d’un événement ?
Je suis un fou inattendu, miroir et écran de ce qui me regarde, je suis l’illusion réelle qui aime expirer les plaies vulnérables. J’ingère les corps mythologiques, les architectures imaginaires, les déserts décharnés, les hordes impromptues, les solitudes, les censures. La danse se fait aux contours d’une présence et d’une hypothèse, articule une crise quand elle se frotte aux parois. Là, un entrepreneur d’utopies, qui rêve de coloniser des déserts inédits rencontre les paysages dévastés par la guerre. J’empreinte la posture d’être seuil et double, pour décrire les gestes de cette rencontre.
Je suis au bord de moi. De l’équilibre contorsionniste ténu éclate la braise funambule du queer comique érotique, entre joie et tristesse. Je suis un mur entre deux rires.
Dans cet espace présent, y a t-il une danse à dissoudre mon humanité ?
peau brûlée
brouillée chimère
sexe sans genre
et le crawl du clown perché.
j’écoute les silences qui n’existent pas
j’écoute l’ennui des bruits qui braillent mon nerf
les archives se pausent entre les feuilles fuyantes.
Célébrer, c’est soutenir, les pouvoirs aimants, les armes du ridicule, l’archéologie du corps, invoquant le théâtre des invisibles.