Rudolf Brazda est né en 1913 à Brossen (actuel Land de Thuringe) de parents originaires de Bohème. Comme beaucoup de ressortissant étrangers, ses parents, en cette fin de XIXè siècle, fuient des conditions de vie difficiles en espérant trouver un ciel plus clément de l’autre côté de la frontière.
Rudolf grandit non loin de Leipzig où il se forme au métier de couvreur. Jusqu’à l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, il vit tranquillement son homosexualité. C'est une période heureuse durant laquelle la petite bande d’amis gays qui s’est formée au fil des rencontres organise régulièrement des soirées animées. Le paragraphe 175 du code pénal allemand réprimant les pratiques homosexuelles jugées contre-nature existe depuis 1870, cependant, la République de Weimar fait jusqu’ici preuve d’une relative tolérance. Mais l’année 1935 voit le renforcement des textes législatifs allemands par le nouveau pouvoir en place. Dénonciations et aveux extorqués par la police se multiplient. En 1937, Rudolf et arrêté une première fois et condamné à 6 mois de prisons avant d’être expulsé en Tchécoslovaquie, pays dont il est ressortissant mais qu’il ne connaît pas. Lorsqu’en 1938, les Sudètes sont annexées au 3e Reich, Rudolf est à nouveau inquiété. En avril 1941, il est une fois de plus arrêté et emprisonné avant d’être en 1942 déporté en vertu du Paragraphe 175 au camp de concentration de Buchenwald. Il y restera jusqu'après la libération du camp par les forces américaines le 11 avril 1945.
Après la libération, Rudolf suivant son ami Fernand, communiste français déporté lui aussi à Buchenwald, s’installe à Mulhouse. Il se remet bientôt à fréquenter lieux de rencontres et soirées festives. C’est à l’occasion de l’une d’entre elles qu’il fait la rencontre d’Edi, son futur compagnon. 53 ans de vie commune s’en suivront jusqu’au décès de ce dernier en 2003.
Rudolf s'est éteint dans la nuit du 2 au 3 août 2011 à l'âge de 98 ans au sein de l'établissement pour personnes âgées dépendantes de Bantzenheim où il résidait depuis quelques mois. Il était le dernier Triangle Rose, l'ultime témoin et survivant déporté homosexuel sous le régime nazi. Ses obsèques ont eu lieu lundi 8 août 2011 à Mulhouse. Ses cendres ont été déposées à sa demande aux côtés de la tombe d'Edi, son dernier amour et compagnon de vie.