Récemment, j'ai ouvert le manuscrit « Maxime » que mon père, m'a remis au crépuscule de sa vie en
novembre 2012. J'ai découvert l'incroyable itinéraire du Capitaine Pierre Roger MERCIER (1), mon grand père officier et résistant, assassiné le 02 septembre 1944 au château d’Hartheim (Autriche). Dans ce récit, j'y rencontre, Claude, mon père, cet enfant de la tourmente privé d'un parent mais qui ne m'a jamais pris à témoin des ses souffrances. Jusqu'à présent je ne savais commet m'approprier mon histoire familiale mais je me suis fait violence et ai décidé de faire mien son travail de résilience afin de rendre hommage à l'engagement des oubliés de la mémoire. Mes archives familiales dont, les lettres de mon grand-père et plus généralement les correspondances de ma famille et de leurs proches, m'ont aidé à mieux appréhender celui que je suis aujourd'hui. Ce passé, mon héritage, ne me paraît plus douloureux mais au contraire chargé
émotionnellement d'espoirs et de messages de paix.
Désormais je poursuis le travail de mémoire de mon père afin de transmettre par un approche
artistique pluridisciplinaire (2) ces trajectoires de vie qui peuvent faire écho à ce que traverse bon nombre de familles déracinées.
Le premier opus « De meilleurs lendemains » que j'ai réalisé à Compiègne en 2019 aborde la période
au camp de Compiègne Royallieu au sein duquel mon grand-père fut prisonnier du 21 mars au 06 avril 1944 avant son départ en déportation pour Mauthausen.
Aujourd'hui, seuls 3 bâtiments subsistent (Mémorial de Royallieu) mais j’ai pu prendre dès mon
arrivée sur le site la mesure de la vie au sein de ce stalag qui fut témoin de plus de 54000 prisonniers. J'ai trouvé le nom de mon grand-père sur le mur de la mémoire, j’ai vu le bâtiment A3 encore intact où mon grand-père a vécu pendant 17 jours.
Les correspondances écrites par Pierre à sa soeur Madeleine qui témoignent de ses préoccupations et
de ses besoins me servent de fil rouge et m'accompagnent pendant cette immersion. Je suis venu à différentes reprises afin de sonder la mémoire de ce camp, afin de comprendre, outre le contexte historique, ce que ce lieu avait pu insuffler comme énergie positive aux internés, à mon grand-père, malgré le contexte difficile et dangereux de leur détention.
En sondant la mémoire des lieux, il s'en dégage une ambivalence et je comprends pourquoi ce camp
fut également perçu comme une halte de repos par de nombreux hommes ayant enduré des épreuves
éprouvantes d'emprisonnement et d'interrogatoires auparavant. Aujourd'hui ce lieu m'apaise car j'y retrouve la « sereinité » que mon grand-père a pu ressentir, je partage cet espoir de meilleurs lendemains, oubliant un instant son inéluctable destin.
A partir de mon travail photographique, des archives familiales et de recherches scientifiques, le volet "De meilleurs lendemains" est adapté en un film transmédia. Chaque discipline contribue ainsi à interpeller plusieurs de nos sens et sublime l'imaginaire sans altérer la réalité contextuelle
Photographies réalisation : Gilles Mercier
Dessins :Florent Bossard
Composition musicale originale :Thibault Torzuoli
Montage et animations : Ervin Le Goaziou / Alexandre Liebert
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