"Dina Chasseur, une vieille montagnarde de septante-cinq ans, vit à Frantze, un petit hameau déserté de trois maisons à deux mille mètres d’altitude dans la vallée d’Aoste (Alpes italiennes). Elle n’a jamais quitté son village, paradis tranquille proche de la nature. Mais, ironie du destin, un chemin de grande randonnée et une piste de ski passent devant sa porte. Tout en restant la garante d’une tradition de l’accueil, Dina développe une forme de résistance par rapport à tout ce va-et-vient...
La réalisatrice Rachel Lamisse suit la vieille dame, tranquillement, à travers ses occupations quotidiennes ponctuées de chansons : fauchage du foin, ramassage du bois, soins à ses fleurs et à ses chats, vaisselle et lessive à la fontaine,...
Dina peut paraître a priori en dehors du monde mais elle ne l’est pas. Le sentier qui passe devant chez elle, c’est la voix du monde, ses oreilles, ses yeux. C’est le monde extérieur qui entre chez elle. Et cela trouble de plus en plus sa tranquillité. Alors, Dina le dit avec force : « Je n’aime pas beaucoup les personnes de la ville parce qu’elles ne sont pas de mon caractère. » Sa vision du monde civilisé est celle d’un monde fragile, perdu dans le confort et la facilité. Elle méprise fermement la télévision et l’eau courante, a du mal à s’adapter à l’électricité. Cependant, elle reste en prise avec la réalité qui l’entoure par la lecture de la presse...
Personnalité « en voie de disparition », Dina est la racine et l’essence du village, le lien ténu qui rattache encore au passé ceux qui ont quitté les montagnes pour s’installer dans les vallées.
Illustré par de splendides paysages, ce portrait chaleureux et nuancé révèle les contrariétés et les conflits qui habitent la vieille dame et nous renvoie, à travers le personnage d’une montagnarde isolée, l’écho de notre propre questionnement sur le sens de notre existence, de nos choix et de notre rapport au temps qui passe."
Note : Le document a reçu le Prix Nanook du meilleur documentaire au XXe Bilan du Film ethnographique de Paris en mars 2001.
Catherine Mathy, Service audiovisuel, Point Culture