Alain Obadia est Président de la Fondation Gabriel Péri. Ancien syndicaliste il témoigne à travers des "vignettes-souvenirs", en écho à Michel Lallement, de son expérience, notamment à la RATP, et de ses rencontres avec des travailleuses et des travailleurs de différents secteurs (cimenteries, hauts fourneaux, agences bancaires, secteur du livre, start-up numériques…). Dans la "vraie vie", et quelles que soient les qualifications, l'écart entre le travail prescrit et le travail réel est une condition d'efficacité et de motivation. Mais l'autonomie, mise parfois en avant comme méthode de management, se heurte en fait aux objectifs stratégiques de de la gestion. Les salarié-e-s doivent se battre pour obtenir des droits nouveaux portant sur le contenu et l'organisation du travail, la formation, prenant en compte la réalité des collectifs.
Le principe de fixer une limite supérieure aux plus hauts revenus – un « seuil de richesse » ou un « revenu maximal » – progresse dans l’opinion publique. Cependant, les propositions concrètes qui sont formulées retiennent des objectifs conventionnels (un écart maximum de 1 à 10, ou 20,…) : mais leur caractère arbitraire ne permet pas de légitimer aux yeux de l’opinion publique le principe, pourtant nécessaire, d’un plafonnement des revenus.
Michel Lallement est sociologue. Pour lui, la question de l'autonomie est liée à une réflexion sur les conditions de travail. Le travail réel a toujours mélangé autonomie et hétéronomie. S'il faut distinguer autonomie au travail et autonomie du travail, dans une optique pas simplement défensive et variable selon les époques, peut-on aujourd'hui observer des formes alternatives (des "utopies concrètes") susceptibles de contribuer à l'apparition de formes de travail plus émancipatrices ?
Aujourd'hui, en France, 6 millions de personnes en âge actif sont en situation de pauvreté. Pourtant la moitié d'entre elles sont en emploi ou en recherche d'emploi. Pourquoi ? Parce que la pauvreté est liée à la fois au salaire et aux conditions d'emploi. Les femmes, qui cumulent bas salaires, travail contraint à temps partiel, et personnes à charge sont les plus touchées. Il faut non seulement relever les salaires mais aussi favoriser le retour à un emploi normal.
La précarisation du travail et la crise du logement se rencontrent : avoir un emploi ne garantit pas d'avoir un logement décent : la moitié des gens déclarés prioritaires au droit au logement ont un emploi. Les jeunes, les immigrés, les pauvres sont le plus en difficulté, mais aussi les travailleurs indépendants, les saisonniers, les travailleurs détachés... Les aides apportées par les collectivités sont rarement à la hauteur des enjeux : il faudrait des aides plus réactives, plus de moyens humains, des logements sociaux avec des loyers plus adaptés, une garantie universelle des loyers...
La « crise » que nous vivons se manifeste, notamment, dans l’éclatement de tous les liens sociaux qui avaient constitué jusqu’à présent des lieux sinon de dialogue du moins de résistance.
Dans son dernier ouvrage, « La Cité du travail. Le fordisme et…
La « crise » que nous vivons se manifeste, notamment, dans l’éclatement de tous les liens sociaux qui avaient constitué jusqu’à présent des lieux sinon de dialogue du moins de résistance.
Dans son dernier ouvrage, « La Cité du travail. Le fordisme et la gauche », Bruno Trentin soulevait la question des rapports entre les transformations profondes du travail sous toutes ses formes et la priorité stratégique d’une véritable réforme de la société civile.
La question du travail reste une question centrale. La place temporelle et psychologique du travail a diminué, modifiant la construction des identités individuelles et collectives… Mais le travail continue à fournir très majoritairement les moyens d’existence, institue pour beaucoup l’accès à la reconnaissance sociale, est un lieu porteur de relations sociales.
Le chômage de masse, l’automatisation, la déclassification, la marchandisation et la financiarisation mondialisées, en prémisses ou en devenir dans les années soixante, aboutissent aujourd’hui à un système qu’il nous faut repenser.