Benjamin Coriat, économiste, dirige un programme de recherches : "entreprendre en commun".
Il observe que la notion de "commun" ou de "bien commun" est en fait assez ancienne. Par exemple, en Angleterre, du XII° siècle au XIX° siècle un tiers des terres connaît un système de propriété partagée, de droits d'accès libres, permettant à la population de prélever toutes sortes de ressources, et donc d'être libre ; le mouvement des enclosures met fin à ce système.
Au XX° siècle, dans les années 1980, ce système retrouve une actualité, lorsque l'on constate que, dans les zones tropicales de l'hémisphère Sud, la privatisation massive des terres provoque des phénomènes géologiques et des mouvements de populations qui mettent en danger la production de multiples ressources.
Elinor Ostrom, économiste et politologue américaine, prix Nobel d'économie, contribue alors à réactiver la notion de "communs" (fonciers). Elle met l'accent sur trois éléments constitutifs des "communs" : l'existence d'une ressource en accès ouvert et partagé, la distribution codifiée des droits de propriété et d'usage de cette ressource entre différents individus ou collectivités, l'existence d'une structure de gouvernance veillant aux droits et obligations de chacun. D'où une transformation du droit de propriété qui n'est plus exclusif mais inclusif, déclaratif.
À la fin des années 1980, les batailles sur le droit de propriété intellectuelle (autour des logiciels libres), autour des "biens communs" (par exemple la gestion de l'eau en Italie notamment), vont prolonger ce mouvement.
Les "communs" ou les "biens communs" apparaissent alors pour Benjamin Coriat comme des instruments novateurs dans la gestion des ressources et l'approfondissement de la démocratie.
Pierre Thomé a travaillé dans l'action sociale. Il est l’auteur de "Créateurs d’utopies" et de "Biens communs, quel avenir ?). Il s'interroge : le concept de "biens communs" peut-il préfigurer un futur post-capitalisme, peut-il participer à un récit politique reconnaissable par le grand public ?
Marie Chéron, membre d'un groupe d'habitat participatif, expose les difficultés à faire accepter, dans les faits, un projet de mixité sociale.